- Rappelons d'abord qu'Anselme a été forgé au creux de
la résistance physique et morale, dès son plus jeune âge.
Nous l'avons déjà dit, Anselme fut le seul survivant de
la famille issue du premier mariage de son père Charles.
Le décès de ses 3 frères et soeurs en bas âge n'a pas
dû l'affecter outre mesure, étant donné son très
jeune âge. Toutefois, suite au deuxième mariage de son
père, 6 autres enfants sont décédés dont 3 demi-soeurs,
au cours de l'année 1777. Anselme était âgé de 24 ans
et s'était marié le 3 octobre 1774.
- En compagnie de Françoise VINCENT-DOIRON, sa
première épouse d"origine acadienne, il élève
une famille de 14 enfants; ce qui n'était pas rare à
cette époque. Encore fallait-il en avoir la capacité
physique et financière. Il ne faut surtout pas oublier
que c'est Françoise qui eut à porter ces 14 enfants.
Nul doute qu'Anselme et sa famille ont vécu pauvrement.
Tous ces enfants sont nés à Rivière-Ouelle, durant la
période 1775-1792.
- De ces 14 enfants, 7 sont décédés à la naissance ou
en bas âge, sans compter Noël, le fils ainé, qui décéda
à 19 ans. Donc seulement 6 enfants ont survécu! Peut-on
imaginer les souffrances et les déceptions que les
parents ont dû endurer, en voyant disparaître plus de
la moitié de leurs enfants avant même d'atteindre la
maturité et de pouvoir goûter à la vie. Trouverions-nous
le courage d'endurer tant d'épreuves aujourd'hui ?
- Le 15 juillet 1803, Anselme est encore affligé par le
deuil de son épouse Françoise VINCENT, à peine
âgée de 50 ans, à Saint-Grégoire de Nicolet. On se
demande bien par quel hasard la famille d'Anselme s'est
retrouvée à Saint-Grégoire ? Une première explication
pourrait être qu'il s'y trouvait beaucoup d'Acadiens à
cet endroit et que Françoise était acadienne. Fille de
François VINCENT, elle était née à Pisiguit en
1753. Son père a dû fuir la déportation acadienne de
1755 alors qu'elle n'avait que 2 ou 3 ans. Peut-être a-t-elle
voulu se rapprocher de sa communauté. Peut-être la
famille LEVESQUE a-t-elle voulu fuir Rivière-Ouelle,
leur village natal où sévissaient tant de maladies
infantiles ou contagieuses et qui devait leur rappeler
trop de mauvais souvenirs.
- A peine remis du deuil de sa première épouse, le 16
janvier 1804, Anselme se remarie avec une autre acadienne!.
Lui-même âgé de 51 ans, il épouse Marguerite COMEAU,
fille mineure de Jean-Baptiste COMEAU et de Marie-Josephe
HOUDE (on trouve aussi le nom de BOUCHER
dans certains registres s'agissant alors de sa deuxième
épouse). Marguerite n'a alors que 17 ans et Jean-Isaie,
le fils ainé d'Anselme, n'a que 11 ans. Nul doute
qu'elle devait avoir beaucoup de maturité et de pouvoir
d'attraction pour qu'Anselme jette son dévolu sur elle
aussi rapidement. Mais il avait besoin d'une mère pour
venir en aide à ses enfants qui grandissaient. On peut
présumer en tout cas que les acadiennes étaient des
filles très courageuses et attachantes, à moins que ce
soit Anselme lui-même qui fut le grand séducteur?
- Ce n'est pas le courage qui a fait défaut à Anselme
puisqu'il eut encore 8 enfants avec Marguerite COMEAU.
Cette fois il fut récompensé pour sa ténacité et
sa persévérance puisque Dieu leur donna encore 7 beaux
enfants en pleine santé, dont 6 garçons que l'on
retrouvera plus tard à Rimouski. Ils sont presque tous nés
à Saint-Grégoire (sauf Félix qui est né à Gentilly,
le 18 juin 1817. On sait maintenant qu'Anselme est
retourné à Rivière-Ouelle vers 1818. Le 8 octobre 1814,
au mariage de son fils Michel (fils de Françoise Vincent)
à Rivière-Ouelle, il est dit résidant à St-Grégoire.
Il y aura donc séjourné durant une quinzaine d'années.
Les dates ne sont pas précises.
- Anselme retourna vivre à Rivière-Ouelle durant une
bonne dizaine d'années, entre 1817 et 1826
approximativement. On le retrouve à cet endroit, le 5
mai 1823, pour le second mariage de son fils
Anselme avec Marguerite DUMONT. D'autres documents
notariés attestent sa présence à Rivière-Ouelle
durant cette période (le 14 mars 1826, il échange une
terre avec son neveu Pierre LEVESQUE).
- Finalement, c'est à Rimouski qu'Anselme vint finir ses
jours, toujours accompagné de sa deuxième épouse
Marguerite COMEAU et de ses fils Michel (premier
lit), Etienne, Hubert, Joseph, Félix, Pierre. et Julie,
ces derniers du deuxième lit. Il y résida à compter de
1826, jusqu'à son décès survenu le 23 mars 1833. Le 24
janvier 1825, son fils Etienne a signé un contrat
d'engagement avec Samuel BRADLEY, maitre
entrepreneur de bois, comme travailleur forestier le long
de la rivière Rimouski., de même que le 27 avril 1829
avec William Price & Cie, ainsi que le 9 mars 1831,
avec Michel Larivé marchand de bois. Ce même Etienne LEVESQUE
semble avoir fait souche à Rimouski puisque Genevieve,
sa fille cadette, s'est mariée à Baie-des-Sables, le 24
février 1868, avec Théodore GAGNE. Le 11 mars
1825, Michel, le fils ainé du premier lit, fait baptiser
son 2ième fils à St-Germain. Même si
Anselme père est toujours présent à Rivière-Ouelle le
4 avril 1825 alors qu'il vend son emplacement à Augustin
OUELLET, on peut présumer que ses fils l'ont précédé
légèrement à Rimouski et qu'il est venu les rejoindre
au cours de l'été 1826. Il semble qu'Hubert et Joseph
aient quitté Rimouski après 1834, alors que Félix et
Pierre se sont installés définitivement, le premier à
Rimouski et l'autre à Bic. Qu'est-il advenu de la veuve
Marguerite COMEAU après le décès d'Anselme ?
Difficile de le dire puisque l'on n'a pas retrouvé son
acte de décès à ce jour. Une source non identifiée
situe son décès en 1840. Une certitude cependant
elle est décédée avant le 27 avril 1841, jour du
mariage de Félix LEVESQUE garçon majeur de défunt
Anselme Lévêque & de défunte Marguerite Comeau de
cette paroisse
avec Vitaline BELANGER.
- Pour résumer, on retiendra que notre ancêtre Anselme LEVESQUE
a vécu deux fois, et ce d'une manière très intense
et productive. Il a fait preuve de courage dans toutes
les épreuves qui ont jalonné sa vie, et de ténacité
pour affronter les difficultés. Il fut fort bien récompensé
par la très grande progéniture qu'il nous a laissée et
qui honorent aujourd'hui sa mémoire, non seulement ici
au Québec, spécialement dans la région du Bas-St-Laurent,
mais aussi aux USA où plusieurs de ses descendants ont
fait souche.
|